samedi 6 août 2011

Le printemps en Israël ?


En Israël le mouvement de protestation se poursuit et prend de l'ampleur. Une manifestation hebdomadaire a lieu chaque samedi soir, depuis trois semaines. Aujourd'hui, elle rassemblait 300.000 personnes, plus du double de la semaine dernière. Est-il alors approprié de parler de printemps israélien ? Déjà les analystes se plaisent à joindre ce qui se passe en Israël aux bouleversements des pays arabes de la région. Certes, quelques-uns vous diront que toute comparaison est hors de propos: les évènements en Israël se déroulent de manière non-violente et n'ont pas (encore) fait de victimes. Surtout, les revendications sont d'ordre économique et ne prétendent pas au renversement d'un système autoritaire. Et oui, malgré les nombreux défauts qu'on peut lui alléguer, on doit bien admettre qu'Israël est (encore_bis) une démocratie. Pas de tank donc à Tel Aviv, mais le blocage aux voitures, organisé par la police, des principales artères empruntées par le cortège.

Printemps arabe et manifestations israéliennes, rien à voir donc? Pas si sûr. Les revendications, s'il est vrai qu'elles ont pour origine un sursaut purement économique dépasse aujourd'hui de simples demandes sur le pouvoir d'achat. Le mot d'ordre de ces derniers jours parmi les protestants, celui scandé dans les cortèges n'est pas moins que Justice sociale, we want social justice. Le champs des revendications s'est d'ailleurs étendu: ce qui a commencé par le prix du cottage et de l'immobilier atteint les domaines de l'éducation, des childcares, la question des subventions accordées aux orthodoxes, l'appartenance de la terre, etc.. Cette demande de justice sociale va main dans la main avec un esprit idéaliste proche de celui des premiers kibboutzim. Dans la « communauté des tentes » sont ainsi proposés divers services gratuits comme la coupe de cheveux, la pause café, ou le déjeuner. En son sein, on s'appelle déjà la nouvelle génération en marche, on enjoint l'ensemble de la société à la rejoindre. La société israélienne est d'une manière générale admirative et solidaire de la lutte engagée par ses jeunes, à l'image du nostalgique écrivain Amoz Oz, qui en appelle aux israéliens des années 50, les faiseurs d'un Etat. C'est, d'après lui, cette unité perdue, que quête avec courage et sagacité la jeunesse israélienne aujourd'hui.

En ce sens, on peut penser – espérer ?- que printemps arabe et récent bouleversement de la société israélienne partagent un point commun criant et crucial: ils sont tout les deux les appels pressants à un renouveau. Des événements d'une même essence, donc, ce qui, dans une certaine mesure, est une bonne nouvelle. Cela signifie qu'Israël est un acteur du Moyen-Orient à part entière et (presque) normalisé, étant à la fois l'objet et l'instigateur d'influences auprès des autres pays de la zone.

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