Aujourd'hui c'est Pessa'h. Les magasins ferment dès midi, et l'on se souhaite à tous coins de rue de sempiternels H'ag Sameah : Bonnes fêtes! Dans les foyers, les maîtresses de maison préparent déjà le repas de la paque juive, afin de pouvoir faire le séder en famille le soir.
Je vous épargnerai ici une révision exaustive de la Haggadah ou des explications détaillées sur les divers symboles du Seder et vous propose plutôt une petite réflexion de ce qu'est Pessa'h aujourd'hui.
Pessa'h en Israël, c'est un peu Noël en France, le sapin en moins et le "maror" - les herbes amères- en plus. (Bien qu'on associe habituellement Noël à Hanouka à cause de la période). En tout cas, cela débute de la même manière: par des embouteillages monstres. Pessa'h se fête en famille, et on dirait que la moitié des actifs de Tel Aviv se rendent à Jérusalem chez leurs proches! On a sur la plage arrière, non pas foie gras ou bûche glacée, mais matzot et le plat traditionnel de fêve.
Comme Noël, cette fête accorde une place privilégiée aux enfants. Durant le Seder, c'est un joyeux bordel. Chacun y va de sa petite voix pour lire un passage de la "Traversée", et on se lâche au moment des dix plaies, dont les noms sont époumonés gaiement par l'assemblée. Le Afikomon (le dessert) est rituellement confisqué par l'enfant qui le rend en échange de cadeaux. On discute alors, en dégustant gateaux et fruits tout en écoutant les chants traditionnels.
Résumons-nous: Pessa'h, c'est de gros embouteillages, une fête en famille, un conte issue de la mythologie religieuse, un bon repas, des chants affiliés au sujet, et l'occasion de plus en plus souvent saisie de s'offrir des cadeaux. Autrement dit Pessa'h c'est la version israélienne (encore sobre) de notre Noël sécularisé et ultra-commercial.
Tollé général ! Pessa'h séculaire, alors qu'on s'y remémore un épisode fondamental de l'Histoire des Juifs ?! Mais justement. Dans un État religieux, placé sous "la bonne étoile" de David, n'est-il pas déjà remarquable que cette fête et son organisation ont été remises au crédit de la famille? Point de grande commémoration à la syna, comme à Kippour, ou de discours incontournable d'une quelconque autorité rabbinique: c'est dans l'espace confiné du foyer que se fête entièrement Pessa'h. Et c'est déjà énorme. On quitte là le domaine de la religion, de ce racolage actif de l'identité commune, pour entrer dans celui, bien plus nuancé, de la tradition. Pour les apprenti-visionnaires (je ne dis pas les apprenti-prophètes), on peut d'ailleurs penser qu'Israël perdra dans les années à venir de sa vigueur religieuse, de sa nécessité actuelle de religion, et qu'avec ce phénomène se poursuivra la sécularisation des grandes fêtes du calendrier juif.
analyse osée ^^
RépondreSupprimercontinue ton blog, j'adore lire tes réflexions.