Ce blog fait pâle figure face à la vraie Tel Aviv, la ville qui ne s'arrête jamais. Je tâche donc aujourd'hui de réparer mon manquement envers vous, fidèle (et précieux) lecteur.
Le week-end dernier a eu lieu Lag Ba'omer, 33 jours après Pessah, comme son nom l'indique. En effet, le Lamed a trente pour valeur numérique et le Gimel trois. Deux lettres et deux chiffres donc, pour une fête qui se résume aussi en deux mots: feux de camps et pèlerinages. Des mots qui témoignent une nouvelle fois de la dichotomie entre les judaïsmes religieux et séculaire en Israël.
Les feux de camps (médoura, מדורה) s'organisent dans tous le pays. La tradition est si suivie, que la nuit des médourot préoccupe le gouvernement israélien. Outre les nombreux commencements d'incendies que la fête engendre, le ciel au petit jour est gris cendre et pourvu d'une concentration en gaz carbonique susceptible d'être nocive! Rien que dans le grand parc de Tel Aviv une bonne centaine de médourot se repérait de visu. On y fait cuire la viande et des pommes de terres par douzaine, on y chante les chants de la victoire de Lag Ba'omer, mais le principal reste de faire la fête. Comme plaisantait un jeune homme "All Jewish Holyday comes down to: They tried to kill us, we won, let's eat! ". Si on peut discuter la pertinence du raccourci historique, cette phrase dénote un état d'esprit typique du jeune israélien. Être juif, pour eux, ne revient pas à détenir au sein d'une communauté restreinte une masse de connaissances et de pratiques ordonnancées et obscures pour l'éventuel spectateur extérieur. Le savoir du garçon en question paraissaient en l'occurrence flou et plutôt limité. "Etait-ce les grecs ou les romains? La période? Alors là..." Non, être juif, c'est partager une fête et la joie qui s'en échappe, et si le souvenir y a sa place, il reste vague et pour tout dire mythologique. En ce sens le judaïsme séculier apparaît être bien plus inclusif, que celui qu'on a en tête, le judaïsme religieux, dont la quasi-impossibilité d'accès est proverbiale.
Mais Lag Ba'omer, c'est aussi des pèlerinages religieux en masse vers les tombes des justes (qui sont ici les acteurs de la révolte juive commémorée à Lag Ba'omer), et dont la principale destination est le mont Méront. Le 33ème jour figure comme une date charnière dans le décompte du omer, et régit encore dans la vie des pratiquants maints principes et activités quotidiennes. Il est par exemple interdit de se marier ou de se raser entre Pessah et Lag Ba'omer, qui est alors un jour très prisé par les jeunes fiancés, pour ne rien dire de nos amis barbiers.
Pour la petite histoire, le hasard du calendrier a cette année compliqué les choses: Lag Ba'omer tombait un Shabbat! La controverse faisait rage entre les plus vénérables rabbins pour savoir de dimanche ou de samedi, quel jour consacrer à la fête.
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